LE DISQUE
461 OCEAN BOULEVARD /
Eric Clapton (1974)
L'une des meilleures façons de décrire Eric Clapton en juillet 1974, alors qu'il s'apprête à dévoiler cet album solo, serait comme étant un "Wanted Man". Après avoir fait profil bas pendant la majeure partie des trois dernières années tout en affrontant des problèmes d'addictions, Clapton était non seulement recherché par ses collègues musiciens et par les innombrables fans de ses précédents exploits (des Yardbirds au Bluesbreakers de John Mayall, en passant par Cream et Blind Faith jusqu'à l'éphémère Derek & the Dominos) mais aussi par les professionnels avertis de l'industrie musicale, qui savaient bien qu'ils avaient à faire à une véritable poule aux oeufs d'or.
Mais plutôt que de réapparaître comme le célèbre puriste du blues, ou même encore comme le psychédélique guerrier d'antan, la nouvelle production de Clapton privilégie la douceur, en retournant à "l'origine de son travail" comme il l'expliquera plus tard, en tant que conteur d'histoires et auteur de chansons. Dans 461 Ocean Boulevard, l'accent est mis sur le message et les mélodies, sans qu'il n'ait besoin de démontrer sa virtuosité maintes fois éprouvée à la guitare. Un retour de très bon goût, qui prouve une fois de plus, comme le dirait Miles Davis "qu"il n'y a pas besoin de jouer toutes les notes, mais seulement les bonnes" ...
LE LIVRE
THE NEGRONI: A LOVE AFFAIR WITH A CLASSIC COCKTAIL /
Matthew Hranek (2021)
La légende dit qu'un cocktail atteignait la perfection au siècle dernier, à Florence, alors que le comte Camillo Negroni demandait à son barman de corser son Americano en remplaçant l'eau gazeuse par du gin. Genius.
Bien évidemment, nous avons pleinement conscience que les excès qui accompagnent les fêtes de Noël sont censés être terminés depuis longtemps... mais le "Dry Jan" aussi.
Cette lettre d'amour, écrite par Matthew Hranek au Negroni est tout aussi agréable à lire qu'à contempler, mais plus important encore, elle est remplie d'anecdotes, d'adresses et de variantes originales (mais jamais trop), de la recette originale en trois parts égales.
Nous ne vous encourageons évidemment pas à toutes les essayer le temps d'un weekend, mais pour ceux qui sont en quête du Negroni parfait ou qui seraient en train de peaufiner leur propre variante, nous ne saurions trop vous conseiller de vous pencher sérieusement sur cet ouvrage. Il serait dommage de ne pas bénéficier de l'expérience et des précieux conseils de M. Hranek...
L'EXPOSITION
PAUL STRAND, OU L'ÉQUILIBRE DES FORCES /
Fondation Henri Cartier-Bresson
(14 février au 23 avril 2023)
Alors que Paul Strand (1890‐1976) est souvent considérer comme étant le pionnier de la straight photography, cette exposition à la Fondation Henri Cartier-Bresson revient davantage sur la dimension profondément politique de son travail.
Héritier de deux grandes traditions photographiques souvent présentées comme antagonistes, il associe pourtant cette tendance formaliste avec une approche sociale, qui l’envisage davantage comme un outil documentaire au service d’un projet politique.
Si Strand est souvent présenté comme l’un des plus grands photographes du XXème siècle, c’est précisément parce qu’il a su admirablement proposer une synthèse entre ces deux polarités.
De l’Amérique du début du siècle à l’Egypte ou au Mexique, en passant par le Maroc, la Sicile et la France rurale, Strand sublime le quotidien souvent difficile de ceux qui ont rarement la parole. En témoigne sans doute sa photo la plus célèbre, celle de ce jeune homme en colère, en Charente, en 1951.
Fondation Henri Cartier Bresson
79 rue des Archives - Paris 3ème
LA CHAUSSURE
BELGIAN LOAFER /
(1950's)
En termes de confort et de style, le mocassin est difficiles à battre. Des célèbres mocassins à pampilles Alden aux emblématiques 180 de Weston, le mocassin est tout aussi à l'aise à la ville qu'à la campagne et même à la plage, et disponible en d'innombrables variantes. Le Belgian loafer, déclinaison sans doute un peu moins connue, fait récemment un grand retour.
Conçu dans les années 50 par Henri Bendel (Jr), le Belgian loafer est un mocassin cousu et façonné à la main (d'où son confort), fabriqué à l'origine à Izegem en Belgique (d'où son nom). Des mocassins devenus incontournables dans les années 60, époque oh combien bénie à laquelle confort et classe étaient encore de sérieuses préoccupations.
Sa forme et sa construction sont incontestablement épurées et minimalistes. Si son traditionnel petit noeud n'est clairement pas du goût de tout le monde, sachez qu'il existe différentes variantes autour de ce design classique. Certains y verront des chaussons, conçus pour être portés à l'extérieur, et ils auront raison. C'est d'ailleurs très probablement ce qui leur confère cette nonchalance unique...